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L’année 2025 a marqué un tournant décisif dans le domaine de l’intelligence artificielle, avec Paris se positionnant comme le carrefour mondial d’une réflexion cruciale sur son avenir. Du 10 au 11 février, la capitale française a accueilli le “Sommet pour l’Action sur l’IA”, un événement international de grande envergure, réunissant des chefs d’État, des dirigeants d’entreprises technologiques, des chercheurs de renom et des représentants de la société civile, venus des quatre coins du monde. Ce sommet, co-présidé par la France et l’Inde, s’est déroulé dans un contexte géopolitique particulier, marqué par une compétition accrue entre les États-Unis et la Chine dans le secteur de l’IA. L’objectif principal de ce rassemblement était d’établir collectivement les fondements scientifiques, les solutions et les normes d’une IA plus durable, éthique et dédiée au progrès collectif. L’urgence de cette démarche est apparue d’autant plus criante face aux progrès fulgurants de l’IA générative et à son potentiel disruptif dans tous les secteurs de la société.
Un événement d’envergure mondiale au Grand Palais
Le Grand Palais, monument emblématique de Paris, a servi de cadre prestigieux à ce sommet. Pendant deux jours, des conférences, des tables rondes et des présentations ont mis en lumière les solutions offertes par l’IA, stimulant les discussions entre les participants. Plus de 1 500 participants étaient attendus pour cette troisième rencontre internationale sur le sujet. L’événement a été précédé d’une semaine d’événements connexes, notamment des journées scientifiques à l’Institut Polytechnique de Paris et des événements culturels dans des lieux emblématiques tels que la Bibliothèque Nationale de France et la Conciergerie. L’organisation de ces événements parallèles a permis d’élargir le débat sur l’IA au-delà des cercles spécialisés et d’impliquer un public plus large. Des ateliers de sensibilisation à l’IA pour les jeunes, des expositions d’art généré par l’IA et des projections de films explorant les implications de l’IA ont contribué à démystifier cette technologie et à encourager une réflexion citoyenne.

Des participants de haut niveau
Le sommet a attiré des personnalités influentes du monde de la technologie, de la politique et de la recherche. Parmi les participants figuraient Sam Altman, PDG d’OpenAI, Sundar Pichai, PDG de Google, Dario Amodei, PDG d’Anthropic, ainsi que des représentants de startups françaises prometteuses telles que Mistral AI et Pigment. Des figures politiques de premier plan étaient également présentes, notamment le vice-président américain J.D. Vance, le vice-Premier ministre chinois Zhang Guoqing et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La présence de ces acteurs clés souligne l’importance accordée à la question de l’IA à l’échelle mondiale. Au-delà des interventions formelles, le sommet a offert une plateforme unique pour des échanges informels entre ces leaders, favorisant la création de liens et la coopération future. Les discussions en marge des sessions plénières ont souvent été le théâtre de négociations discrètes et d’annonces importantes, témoignant du rôle catalyseur de l’événement.
Les thèmes clés du sommet
Les discussions du sommet se sont articulées autour de cinq axes stratégiques majeurs :
- L’IA au service de l’intérêt public : Comment l’IA peut-elle être utilisée pour résoudre des problèmes sociaux et environnementaux majeurs ? Cette thématique a exploré le potentiel de l’IA dans des domaines tels que la santé, l’éducation, la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement. Des exemples concrets d’applications de l’IA pour le diagnostic précoce de maladies, l’optimisation des systèmes énergétiques et la prédiction des catastrophes naturelles ont été présentés. Les participants ont également discuté des défis éthiques et des risques liés à l’utilisation de l’IA dans ces domaines, notamment en matière de biais algorithmiques et de respect de la vie privée.
- L’avenir du travail : Quels sont les impacts de l’IA sur le marché du travail et comment préparer les travailleurs aux changements à venir ? Ce thème a suscité des débats passionnés, les participants exprimant des visions divergentes sur l’avenir du travail à l’ère de l’IA. Certains ont souligné les risques de destruction d’emplois et d’aggravation des inégalités, tandis que d’autres ont mis en avant le potentiel de l’IA pour créer de nouveaux métiers et améliorer les conditions de travail. Un consensus s’est dégagé sur la nécessité d’investir massivement dans la formation et la requalification des travailleurs pour les préparer aux mutations du marché du travail.
- L’innovation et la culture : Comment l’IA peut-elle stimuler la créativité et l’innovation dans les domaines de l’art, de la musique et de la littérature ? Ce thème a exploré les applications de l’IA dans le domaine de la création artistique, avec des démonstrations d’outils d’IA capables de composer de la musique, de peindre des tableaux ou d’écrire des romans. Les participants ont débattu des questions de propriété intellectuelle et de statut de l’artiste à l’ère de l’IA. Certains ont exprimé des craintes quant à la possibilité de voir l’IA remplacer les artistes humains, tandis que d’autres ont souligné son potentiel pour augmenter la créativité humaine et ouvrir de nouvelles voies d’expression artistique.
- L’IA de confiance : Comment garantir la fiabilité, la sécurité et la transparence des systèmes d’IA ? Ce thème a abordé les questions cruciales de la sécurité, de la fiabilité et de la transparence des systèmes d’IA. Les participants ont souligné la nécessité de développer des normes et des certifications pour garantir que les systèmes d’IA sont sûrs, fiables et exempts de biais. Ils ont également insisté sur l’importance de la transparence algorithmique, afin de permettre aux utilisateurs de comprendre comment les systèmes d’IA prennent leurs décisions. La question de la responsabilité en cas de dommages causés par des systèmes d’IA autonomes a également été abordée.
- La gouvernance mondiale de l’IA : Comment établir des règles et des normes internationales pour encadrer le développement et l’utilisation de l’IA ? Ce thème a souligné la nécessité d’une coopération internationale pour encadrer le développement et l’utilisation de l’IA. Les participants ont discuté des différents modèles de gouvernance de l’IA, allant de l’autorégulation à la réglementation contraignante. Ils ont souligné l’importance de trouver un équilibre entre la promotion de l’innovation et la protection des droits fondamentaux. La création d’une organisation internationale de l’IA a été évoquée comme une possible solution pour coordonner les efforts de la communauté internationale.
La France, un leader mondial en matière d’IA
La tenue de ce sommet à Paris témoigne de la position de la France en tant qu’acteur majeur dans le domaine de l’IA. Le pays s’appuie sur plusieurs atouts structurants, notamment une stratégie nationale ambitieuse déployée depuis 2018, un écosystème dynamique de startups spécialisées en IA, et un appareil diplomatique pleinement mobilisé. La France est également l’un des pays participant aux initiatives internationales de référence sur l’IA. Au-delà de ces atouts, la France bénéficie d’une longue tradition de recherche en mathématiques et en informatique, ainsi que d’une culture favorable à l’innovation et à la créativité. Le gouvernement français a annoncé de nouvelles mesures pour soutenir le développement de l’IA, notamment un plan d’investissement massif dans la recherche et la formation, ainsi qu’un soutien accru aux startups spécialisées dans l’IA.
Objectifs et attentes du sommet
Le Sommet pour l’Action sur l’IA visait à atteindre trois objectifs majeurs :
- Ouvrir l’accès au plus grand nombre à une IA indépendante, sûre et fiable : Il s’agit de garantir que les avantages de l’IA soient accessibles à tous, et pas seulement à une poignée d’acteurs. Cela implique de développer des modèles d’IA open source et de promouvoir la formation à l’IA pour les populations les plus vulnérables.
- Développer des IA plus frugales et respectueuses de l’environnement : L’impact environnemental de l’IA est une préoccupation croissante, et il est essentiel de développer des technologies plus durables. Cela passe par la conception d’algorithmes plus efficaces et moins gourmands en énergie, ainsi que par l’utilisation de sources d’énergie renouvelable pour alimenter les centres de données.
- S’assurer que la gouvernance mondiale de l’IA soit à la fois efficace et inclusive : La coopération internationale est indispensable pour encadrer le développement de l’IA et éviter les dérives. Cela implique de mettre en place des mécanismes de consultation et de participation pour impliquer les différents acteurs de la société civile dans la définition des règles et des normes de l’IA.
L’Élysée a souligné l’importance de ce sommet comme une occasion d’avoir une conversation mondiale sur l’intelligence artificielle, impliquant non seulement les États-Unis et la Chine, mais aussi la France, l’Europe et tous les autres pays concernés. L’objectif est de construire un avenir où l’IA est au service de l’humanité, en respectant les valeurs de démocratie, de justice et de respect des droits fondamentaux.