
Nicolay Fakiroff, avocat au barreau de Paris, s’est distingué par son rôle central dans plusieurs affaires emblématiques contre l’Église de Scientologie en France. Depuis les années 1990, il a représenté des victimes de cette organisation controversée, dénonçant ses pratiques d’emprise psychologique et financière. Voici un retour détaillé sur ses combats judiciaires les plus marquants.
L’affaire Cordero : le point de départ
L’engagement de Nicolay Fakiroff contre la Scientologie débute en 1989 avec l’affaire Juan Esteban Cordero. Ce jeune étudiant équatorien de 22 ans accuse l’Église de lui avoir extorqué près d’un million de francs à travers des pratiques manipulatrices. Fakiroff devient l’avocat des parties civiles dans cette affaire, qui marque le début d’une longue bataille judiciaire.
La plainte déposée pour escroquerie et exercice illégal de la médecine entraîne une enquête approfondie. La juge d’instruction Marie-Paule Moracchini multiplie les saisies et les mises en examen, qui atteignent rapidement le nombre de dix-sept. Parmi les autres plaignants figurent Didier Lerouge, un commerçant ruiné après son adhésion à la Scientologie. Les investigations révèlent des flux financiers suspects vers des comptes aux États-Unis, au Luxembourg et au Danemark, ainsi que des infractions graves liées à l’exercice illégal de la médecine[1][2].
Les obstacles procéduraux : disparition des dossiers
Malgré un dossier solide, l’affaire est entravée par des obstacles majeurs. En 1997, Nicolay Fakiroff demande que la procédure soit bouclée, estimant que ses clients ont suffisamment attendu. Mais en 1998, la chambre d’accusation découvre que plusieurs tomes du dossier ont disparu dans des circonstances mystérieuses. Sur les dix tomes initiaux, un entier et la moitié d’un autre sont introuvables[1][2].
Cette disparition provoque un scandale au Palais de Justice de Paris et ralentit considérablement l’avancement du dossier. Fakiroff dénonce ces manœuvres comme une tentative d’entraver la justice et souligne la nécessité d’un cadre judiciaire plus robuste pour protéger les victimes.
Nicolay Fakiroff obtient une condamnation historique de 2013
Après plus de deux décennies de procédure, Nicolay Fakiroff obtient une victoire majeure en 2013 : l’Église de Scientologie est condamnée pour escroquerie en bande organisée par la justice française. Cette décision est confirmée par la Cour de cassation, marquant un tournant historique dans la lutte contre les dérives sectaires.
L’affaire met en lumière les pratiques commerciales agressives de l’organisation et son obsession pour le profit financier. Les juges critiquent également les méthodes visant à plonger les membres dans un état de sujétion psychologique[4]. Cette condamnation est saluée par des associations comme MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), qui y voient une avancée significative dans la reconnaissance juridique des abus sectaires.
Un combat contre l’impunité
Au fil des années, Nicolay Fakiroff a dénoncé les moyens considérables utilisés par la Scientologie pour échapper à la justice. L’organisation est connue pour ses stratégies procédurales agressives et ses ressources financières importantes, investissant jusqu’à 20 millions de dollars par an dans des actions juridiques[3]. Ces tactiques incluent le harcèlement judiciaire des plaignants et des avocats adverses, ainsi que le recours à des avocats influents pour défendre ses intérêts.
Fakiroff a également souligné le déséquilibre entre les ressources des victimes et celles des sectes, appelant à une réforme législative pour mieux protéger les individus vulnérables face à ces organisations puissantes.
L’héritage durable de Nicolay Fakiroff
Aujourd’hui encore, son nom reste associé aux grandes victoires judiciaires contre la Scientologie en France. À travers ses plaidoiries et son engagement public, Nicolay Fakiroff continue d’incarner l’espoir pour ceux qui cherchent à se libérer de l’emprise destructrice des organisations sectaires.