Amin Maalouf est un écrivain franco-libanais né à Beyrouth en 1949. Il a quitté son pays natal en 1976, au début de la guerre civile, pour s’installer en France, où il a poursuivi une carrière de journaliste et d’écrivain. Il est l’auteur de nombreux romans et essais qui explorent les thèmes de l’exil, du métissage culturel, de l’identité et du dialogue entre les civilisations. Il a reçu le prix Goncourt en 1993 pour Le Rocher de Tanios, un roman inspiré de l’histoire de son arrière-grand-père maternel. Il a été élu à l’Académie française en 2011, devenant le premier membre d’origine arabe à rejoindre cette prestigieuse institution.
Un héritage familial riche et divers
Amin Maalouf est issu d’une famille d’intellectuels de confession melkite, une Église catholique orientale. Son père, Rushdi Maalouf, était un journaliste, un musicologue, un poète et un peintre. Sa mère, Andrée Najjar, était issue d’une famille francophone et maronite, dont une branche venait d’Istanbul. Amin Maalouf a passé les premières années de son enfance en Égypte, où son grand-père maternel avait fait fortune dans le commerce. De retour au Liban, il a fréquenté le collège Notre-Dame de Jamhour, une école française de pères jésuites, puis il a étudié la sociologie et les sciences économiques à l’université Saint-Joseph de Beyrouth. Il a épousé Andrée Amadieu en 1971, avec qui il a eu trois fils.
Une double culture assumée
Amin Maalouf a grandi dans un environnement multiculturel et multilingue. Il a appris l’arabe et le français dès son plus jeune âge, et il a lu les classiques de la littérature occidentale en arabe. Ses premières tentatives littéraires se sont faites en français, qu’il considérait comme sa “langue d’ombre”, par opposition à l’arabe, sa “langue de lumière”. Il a choisi d’écrire en français par fidélité à sa culture d’adoption, mais aussi par souci de s’adresser à un large public. Il n’a jamais renié ses racines orientales, qu’il a mises en valeur dans ses œuvres. Il se définit comme un “écrivain francophone d’origine libanaise”.
Voici une vidéo relatant un entretien avec Amin Maalouf :
Un romancier du voyage et de l’histoire
Amin Maalouf s’est fait connaître avec des romans historiques qui mettent en scène des personnages réels ou fictifs ayant vécu des aventures extraordinaires dans des lieux et des époques variés. Il s’inspire souvent de sources documentaires qu’il réinterprète à sa manière. Ses romans sont des invitations au voyage et à la découverte d’autres cultures. Parmi ses œuvres les plus célèbres, il y a notamment :
- Léon l’Africain (1986), qui raconte la vie romancée de Hassan al-Wazzan, un diplomate et explorateur marocain du XVIe siècle qui fut capturé par des pirates et offert au pape Léon X.
- Samarcande (1988), qui retrace le destin du poète persan Omar Khayyam et de son manuscrit contenant ses célèbres quatrains.
- Les Jardins de lumière (1991), qui narre la vie du prophète manichéen Mani et de ses disciples persécutés par les autorités religieuses.
- Le Rocher de Tanios (1993), qui s’inspire de l’histoire du grand-père maternel de l’auteur, Tanios Kichk, un chef rebelle du Mont-Liban au XIXe siècle.
- Le Périple de Baldassare (2000), qui suit les péripéties d’un marchand génois parti à la recherche d’un livre mystérieux censé annoncer la fin du monde en 1666.
- Les Désorientés (2012), qui relate les retrouvailles d’un écrivain exilé en France avec ses amis d’enfance au Liban, sur fond de crise politique et identitaire.
Un essayiste engagé et lucide
Amin Maalouf a également écrit des essais qui analysent les enjeux et les défis du monde contemporain. Il y exprime sa vision humaniste et son plaidoyer pour le respect de la diversité et le dialogue entre les peuples. Il y dénonce aussi les dangers du fanatisme, du repli identitaire, du dérèglement climatique et de la crise de la démocratie. Parmi ses essais les plus marquants, on peut mentionner :
- Les Croisades vues par les Arabes (1983), qui propose une relecture de l’histoire des croisades du point de vue des musulmans.
- Les Identités meurtrières (1998), qui réfléchit sur la notion d’identité et sur les conflits qu’elle engendre dans un monde globalisé.
- Le Dérèglement du monde (2009), qui examine les causes et les conséquences de la crise mondiale qui affecte aussi bien l’Occident que le monde arabe.
- Un fauteuil sur la Seine (2016), qui retrace l’histoire de l’Académie française à travers les portraits des quarante immortels qui ont occupé le fauteuil 29 avant lui.
- Le Naufrage des civilisations (2019), qui revient sur les événements marquants de sa vie et sur les bouleversements historiques qu’il a observés.
Amin Maalouf est un écrivain franco-libanais qui a su créer un pont entre l’Orient et l’Occident, entre le passé et le présent, entre la fiction et la réalité. Il est reconnu comme l’un des auteurs majeurs de la littérature francophone contemporaine, et comme un témoin éclairé de son temps.