André Choulika est un biotechnologiste français d’origine libanaise et russe, qui a fondé en 1999 Cellectis, une entreprise spécialisée dans l’ingénierie du génome et l’immunothérapie contre le cancer. Il est considéré comme l’un des inventeurs de la modification du génome à l’aide de nucléases, des enzymes capables de couper l’ADN de manière très précise et de le réparer avec des séquences désirées. Grâce à cette technologie, il espère créer une nouvelle génération de thérapies personnalisées et universelles pour traiter les maladies génétiques et les tumeurs.
Un parcours scientifique d’excellence
André Choulika est né à Beyrouth en 1965, dans une famille cosmopolite. Son père est un ingénieur russe qui a fui la révolution bolchévique, et sa mère est une libanaise issue d’une famille aisée. Il quitte le Liban en 1982, en pleine guerre civile, et arrive en France via Chypre. Il se passionne pour la biologie et la virologie, et intègre l’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI), où il rejoint le laboratoire du professeur Bernard Dujon. Il y découvre les méganucléases, des nucléases naturelles qui reconnaissent des séquences spécifiques de l’ADN et les coupent. Il réalise alors le potentiel de ces “ciseaux moléculaires” pour modifier les gènes des cellules vivantes.
Voici une vidéo présentant ce scientifique :
Il poursuit ses études au sein de l’Institut Pasteur, dans le laboratoire de François Jacob, prix Nobel de médecine en 1965 et considéré comme le père de la recherche génétique. Il y obtient son doctorat en virologie moléculaire en 1994, puis part aux États-Unis pour effectuer un post-doctorat à la Harvard Medical School, dans le département de génétique dirigé par Richard C. Mulligan. Il y développe la première approche de l’utilisation des méganucléases pour la thérapie génique humaine, en introduisant des gènes correcteurs dans les cellules malades. Il travaille ensuite au Boston Children’s Hospital, où il met au point les premières applications de l’ingénierie du génome pour traiter les maladies du sang, comme l’hémophilie ou la drépanocytose.
Une vision entrepreneuriale audacieuse
En 1999, André Choulika remporte la première édition du concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes, lancé par Claude Allègre, alors ministre de la recherche. Il décide alors de créer Cellectis, une spin-off de l’Institut Pasteur, qui se donne pour mission de développer des outils d’ingénierie du génome basés sur les nucléases. L’Institut Pasteur lui octroie les droits de licence sur neuf familles de brevets, dont plusieurs issus de ses propres recherches.
Cellectis se positionne comme un leader mondial dans le domaine du gene editing, et noue des partenariats avec des acteurs majeurs de l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire, comme Pfizer, Servier ou Bayer. L’entreprise se diversifie également dans les domaines du végétal et du bio-industriel, en créant des filiales comme Calyxt ou Cellectis Plant Sciences.
Mais c’est surtout dans le domaine médical que Cellectis se distingue, en développant une plateforme d’immunothérapie contre le cancer basée sur les cellules CAR-T allogéniques. Il s’agit de cellules immunitaires modifiées génétiquement pour reconnaître et détruire les cellules cancéreuses. Contrairement aux cellules CAR-T autologues, qui sont fabriquées à partir des cellules du patient lui-même, les cellules CAR-T allogéniques sont issues de donneurs sains et peuvent être utilisées chez n’importe quel patient, comme des médicaments “prêts à l’emploi”.
Cellectis a ainsi lancé plusieurs essais cliniques pour tester l’efficacité et la sécurité de ses produits UCART, notamment dans les leucémies aiguës lymphoblastiques et les lymphomes. L’entreprise a également noué des alliances stratégiques avec des centres hospitaliers de renom, comme le Weill Cornell Medical College ou le MD Anderson Cancer Center, pour accélérer le développement de ses thérapies innovantes.
Un rêve de révolutionner la médecine
André Choulika est un visionnaire qui croit en la capacité de l’ingénierie du génome à transformer la médecine et à apporter des solutions aux maladies incurables. Il est convaincu que les cellules CAR-T allogéniques représentent l’avenir de l’immunothérapie contre le cancer, et qu’elles pourront être adaptées à différents types de tumeurs. Il espère également pouvoir utiliser les nucléases pour corriger directement les gènes défectueux dans les cellules du patient, sans passer par une étape de culture cellulaire.
Il est également un militant de la démocratisation de l’accès aux thérapies géniques, et milite pour une baisse des coûts de production et de distribution. Il souhaite que ses produits soient accessibles au plus grand nombre, y compris dans les pays en développement. Il est ainsi engagé dans des projets humanitaires, comme le programme “Cure for Malaria”, qui vise à éradiquer le paludisme en modifiant génétiquement les moustiques vecteurs de la maladie.
André Choulika est un pionnier de l’ingénierie du génome qui veut révolutionner la médecine. Il est à la tête d’une entreprise qui combine excellence scientifique, innovation technologique et ambition entrepreneuriale. Il est animé par une vision audacieuse et altruiste, qui vise à améliorer la santé et le bien-être de l’humanité.